Well...

Allô ?

Ici Elizabeth Knight. Quelqu'un est-il branché sur la fréquence ?

Ici Farzeen, le Bon Samaritain des Janissaires.

Que pouvons nous faire pour vous, Elisabeth ?

Well, et bien. Je suis actuellement à la tête d'une petite caravane qui se dirige vers Santa Mierda. Pour tout vous dire, je suis l'ancienne administratrice de Nex. On m'a indiqué que je pourrais trouver les autres collaborateurs au projet de ville sur cette fréquence.

Ah Elizabeth c'est Lizzie !

Fallait l'dire aussitot. Notez, ma compagne s'appelle aussi Elisabeth et j'ui donne du Lise. Alors comme l'prenom semble légion, hein.

Oui c'bien ici qu'on discute sur l'projet citadin, faudra juste attendre qu'Aslan vienne s'occuper de bidouiller le serveur. C'qu'une question de temps, vous êtes à la bonne adresse.

Thank you. Oui, Lizzie... J'avais pensé à une présentation disons... Plus formelle. Merci bien. Et merci Asafa pour le poids de votre garantie.

Ah n'vous formalisez pas, mais on fait dans l'baton rompu. ça va un peu plus vite pour mettre à l'aise, tout ça. Enfin c'est l'principe.

Well. Je n'irais pas jusqu'à dire que sans étiquette ou convenances je suis mal à l'aise, mais du moment qu'il y a du thé chez vous, je suis rassurée sur votre avancée vers le retour de la civilisation. Peut importe le ton employé.

Vous etes surement Earl Grey ou Darjeeling, non ? Je suis plutot dans le chai. Et dans les infusions médicinales en tout genre. Si vous avez encore quelques succédanées d'herbes, il me tarde de vous rencontrer.

Aslan me fait signe qu'tout est en règle, z'avez pu qu'à verifier de votre coté la connectique. Confirmez moi qu'tout marche et on bascule sur l'serveur.

...

Well.

C'est que deux personnes m'ont simultanément donné cette fréquences, et donc... Enfin. Je suis Earl Grey, oui. Quand il y en a.

Ah ?...

Ah oui tiens...

Moui... N'empêche... pffff... bon...

Regarde sa bouteille de whisky, presque vide, heureusement car elle l'aurait sifflée cul sec là, et en parlant de cul sec, son entrejambe est tout mouillé, être en pleine ovulation alors qu'on est seule en expédition en train de se congeler, ou de se geler le con, selon, elle va finir par s'en mettre le goulot dans la cage à oiseaux de Paradis, elle se la siffle ou quoi ? Faut le lécher et bien l'essuyer avant, l'alcool ça brûle méchamment, et le lécher à nouveau et se l'enfiler, mais qu'elle est conne, pourquoi est-elle là, seule, sans Yosh ? Trop gentille, mais c'est elle qui s'est proposée, elle aime être utile, mais elle aurait pu être plus égoïste et rester avec Yosh ; trop gentille et parfois trop méchante, rarement heureusement, quand elle est en manque de tout et trop pleine d'alcool, c'est comme cette phrase, "un seul être vous manque et tout est dépeuplé !", on remplace une ivresse par une autre, à défaut, à bon marché...
Oui, elle regarde sa bouteille et a furieusement envie de pleurer. Mais sa rage l'étouffe. Sa rage contre elle-même.
Puis elle se reprend. Pause zen.

Oui... l'autre personne c'est Asafa, hein ? Sûrement... Je ne vois que lui, en tout cas... Asafa...

...

Lizzie ? Je m'excuse alors... j'ai été excessive...

...

Le thé... Je fus une buveuse de thé... quand il y en avait encore... avant... A Thoraigh, on en avait peu, et rarement... C'était plutôt l'alcool de patate et le rhum, là-bas... Etrangement, ils avaient presque le même goût...
Puis ce fut la fin de Thoraigh, et l'exode...
Et ma première rencontre avec les Yeniceri. Ce fut un thé qui scella l'amitié de cette rencontre-là, accompagné d'une tisane médicinale. Ce furent le thé... et l'amour...

...

Yosh ? Tu me manques...

...

Ah, l'Earl Grey... Le Darjeeling aussi, oui bien sûr, ce sont des classiques, et ce n'est pas pour rien...
Plus, bien plus qu'avec l'alcool (quoi qu'avec un très bon vin, je m'y suis bien adonnée aussi, et c'est dionysiaque...), un thé avec l'amour... crée une ambiance à lui tout seul...

Euh... mmmh ah désolée j'ai la libido qui explose, là... et qui provoque des réminiscences... Je disais...

Le thé... L'amour... L'odeur, le goût, les saveurs, la chaleur, la fraîcheur...
A chaque thé ses envies...
Les thés noirs, sucrés et parfumés à l'excès, qui vous donnent le sentiment de faire d'un bouquet de fleurs et d'un panier de fruits séchés un festin, ils prêtent aux jeux câlins de l'enfance qui n'en est plus tout à fait une, ils vont bien avec de longs préliminaires, et peuvent même se satisfaire de cela quand la tendresse et la douceur vous suffisent sur le moment.
Les thés noirs, c'est l'éclatement de la découverte adolescente, quand on découvre le corps d'un homme à 13 ans, et qu'on fait l'amour pour la première fois à 15 ans, avec un beau gosse qui en a le double et qui n'en est pas moins un peu trop pressé, hélas...
Puis apparaît un premier intermédiaire, comme le thé Russe... ou le thé Rouge, qui n'est pas un thé, mais une plante Africaine, le Rooibos... et dont vous pouviez boire deux litres sans risquer de ne pas dormir de la nuit !...
Les autres thés viennent ensuite, avec l'éclosion de la lente maturation des désirs, des corps et des sentiments...
Les thés verts, riches en vitamine C et catalyseurs d'énergie... le thé blanc de l'Himalaya... que l'on goûte brûlant, et qui attise les lèvres, enflamme le palais, embrase les sens... qui vous accompagne tout au long de votre voyage, et vous le finissez froid alors que le désir s'apaise enfin, lorsqu'il est comblé par l'amour partagé...
Le thé fumé est l'un des derniers à découvrir, parce qu'on n'ose pas tout de suite... Corsé, parfois rebutant, c'est le sexe brut, sauvage, cru, la chair sans fioritures, parfois bestial, aux secrétions mêlées dont on se délecte, foutre cyprine et sueurs mélangées...

Oui, j'aime presque autant boire du thé que de faire l'amour...

C'est malin... Comment je vais faire maintenant pour dormir, moi... Vous ne pouviez pas aborder un sujet moins érotique, non ? Tss tss... Bande d'obsédés...

Petit rire coquin...

Je vous vois venir, vous savez... "On" parle de thé... d'abord... "les convenances, tout ça"... et après, on fait semblant de s'étonner que cela finisse en orgie Romaine, mmmh voyez ? (comme dit Papounet Aslan, hihihi !). Je vous vois, oui, je vous vois... je vois tout !...
Remarquez, j'allume j'allume, mais je n'ai jamais eu le culot de me lancer dans une partouze, ne serait-ce qu'une petite partie à trois... Oh je l'ai bien fantasmée, j'en ai rêvé certaines nuits, oooh ça oui ! Ohlalala !...
Mais... Non, c'est resté un fantasme. Jusqu'à présent en tout cas... Tous les fantasmes ne sont d'ailleurs pas faits pour être assouvis. Et avoir des fantasmes est une activité profondément humaine, saine et salvatrice !

Si vous voulez, miss Lizzie, je pourrais vous faire la cour dans la forme et les formes, à la manière du 18ème... (siècle, pas arrondissement, hein, pffffhihhihi !). Je pourrais vous révéler des bienfaits de la civilisation dont vous n'avez peut-être même pas encore idée qu'ils existent... et du bien-être qu'ils peuvent apporter...

Et prenez garde... Ce ne sont pas forcément que des paroles en l'air, car j'aime les hommes, mais j'aime bien aussi les femmes !...

Rire affirmé et provocateur...

Allez, j'arrête de vous taquiner, vous allez rougir comme un fruit mûr et je suis sûre que cela vous va à merveille...

...

Regarde encore une fois sa bouteille.... Hésite encore un court instant... puis l'achève d'un seul trait assoiffé...

Mmmmh !... Aaah !

Bien... Il est temps que je vous souhaite une bonne nuit...

A bientôt...

Et elle coupe la radio...

Well.
Hum...

Je crois que ma consommation de thé est très... Britannique comparée à la votre. Je la qualifierai de flegmatique, et pas nécessairement pressée. Peut être trop désinvolte pour attirer les impatients, ou être curieuse sur le sujet. Je regroupe, par un raccourci peut être trop confortable, les passions aux latins et j'ai peur de ne pas en être. Je me contente de ce qu'il est et pas de ce qu'il m'évoque, y trouvant là assez de poésie sans trop en faire. C'est laconique, certes, mais le thé en soit me réchauffe bien assez ainsi fait. Il m'est déjà assez douloureux de regretter son absence pour en surplus, déplorer ce qu'il implique.

Albion a toujours été très indépendante, ou mettons, auto-suffisante.